Changer de voix, c’est possible ?

Changer l’aspect physique de son corps, c’est désormais possible. Suivre le nouveau « body-challenge » pour perdre 3 tailles de pantalon, se faire refaire le nez qui vous complexe depuis des années, prendre des hormones pour se rapprocher de sa vraie identité, changer de sexe, recouvrir son corps de tatouages … La liste est longue.

Mais quand est-t-il quand on n’accepte pas le son de sa propre voix ? Pour des raisons personnelles ou professionnelles peut-on réellement en changer ?

Nous verrons que la voix se travaille et que les voix graves peuvent même s’avérer être une arme redoutable pour les politiques…

« A 15 ans, je n’ai toujours pas mué ! »

Qui n’a jamais esquissé un sourire à l’écoute d’un généreux déraillement de voix propulsé par son petit cousin, bravant éméritement les belles années de l’adolescence ?

C’est effectivement à la puberté, à l’âge de 12 à 14 ans environ, que notre voix déraille en faisant des sauts dans les aigus quand on hausse la voix. L’adolescence marque cette période de mutation hormonale qui est à l’origine de ces transformations. C’est à cet âge que nous aboutissons à notre voix définitive.

Seulement, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Il existe des garçons qui gardent une voix aiguë même à l’âge adulte. Certains s’habituent, d’autres la développent comme un atout, une originalité, tandis que d’autres y trouvent un complexe parfois difficile à surmonter.

Il n’en a pas toujours été de même ! Rappelez-vous qu’a une époque, l’adoration de la voix aigüe pour les hommes était telle qu’on pratiquait la castration chez les chanteurs pour empêcher la mue. Ce principe permettait de conserver le registre aigu de la voix enfantine, tout en bénéficiant du volume sonore produit par la capacité d’un adulte. Heureusement ces pratiques jugées barbares ont cessé et les voix graves ont su trouver leur public.

« Demain je change de voix ! »

Un certain nombre de personnes sont insatisfaites de leur voix, qu’elles ne trouvent pas en accord avec leur apparence ou leur personnalité.

Nasillarde, aigüe, stridente, timide, écorchée, trop aigüe, trop grave, il est parfois difficile d’être pris au sérieux quand on peut être sujet à des moqueries ou ne pas se trouver en accord avec sa voix. Pour les personnes transgenres, avoir une voix plus féminine ou plus masculine lorsque l’on change de sexe est primordial pour coller avec son nouveau genre. 

Pour des raisons personnelles ou professionnelles, il est possible de vouloir changer de voix. Dans ce cas il existe plusieurs solutions : des méthodes naturelles aux plus radicales, apprendre à arranger sa voix peut être vécu comme un réel soulagement.

En premier lieu, il est possible d’aller consulter un orthophoniste pour des séances de « rééducation » qui permettent d’apprendre à mieux connaître la fréquence, l’intensité de sa voix. Savoir la placer, la maîtriser, comme peuvent le faire les chanteurs.

Pour un suivi plus poussé, il est possible de prendre rendez-vous chez un phoniatre. La phoniatrie est la médecine de la voix, de la parole, du langage oral et écrit, et de la fonction auditive. Ce médecin peut procéder à un traitement par des exercices vocaux en vue d’une rééducation de la prononciation et de l’articulation afin de les rendre correctes et afin de corriger les vices de la prononciation et de l’élocution.

Ces deux techniques, reposant sur des exercices vocaux sont longues et souvent fastidieuse. Elles peuvent prendre 4 à 5 ans avant de percevoir de réels changements.

Pour les plus pressés, il existe une démarche plus rapide et bien plus radicale : la chirurgie vocale esthétique.

L’opération consiste à soit à augmenter la tension des cordes vocales (rapprocher les deux cartilages, qui tendent les cordes vocales et les fixer par un fil d’argent), soit à en diminuer leur épaisseur (micro attaques laser ou brûlures de chaque corde vocale afin d’en diminuer leur masse et leur épaisseur).  Ces techniques sont très coûteuses, et souvent risquées (pouvant réellement rendre définitivement aphone ou au minimum handicapé) ou ayant dans certains cas des résultats décevants.

Certaines femmes trans couplent l’orthophonie avec une intervention chirurgicale. Mais dans les deux cas, ce n’est pas suffisant. Elles doivent suivre en plus des cours d’élocution chez un orthophoniste pour apprendre manœuvrer leur nouvel outil.

« Gagner plus de voies grâce à une voix grave ? »

Rien n’est laissé au hasard en politique et dans les médias. Pendant une période d’élection, tout est scruté dans les moindres détails. Le style vestimentaire, le comportement, la manière de s’exprimer, de respirer et bien-sûr la tonalité, la fréquence de la voix. C’est pourquoi, bon nombre de politiques suivent des programmes de « coaching politique » ou de « média training », une formation aux médias qui se résume souvent à s’entraîner à parler devant une caméra.

Une récente étude, co-réalisée par l’université de Miami et celle de Duke en Caroline du Nord, révèle que la gravité d’une voix peut influencer les décisions des électeurs.

Dans cet extrait apparaît deux versions : une voix aiguë, l’autre grave d’une voix féminine modulée par ordinateur et prononçant à chaque fois ces mots : « Je vous demande de voter pour moi en novembre. » L’étude révèle qu’entre 60 et 76 % des personnes ont dit qu’elles préféreraient voter pour la voix la plus basse des deux, tant pour les candidats féminins que masculins.

D’après des chercheurs australiens, depuis quelques décennies, « la voix des femmes aurait baissé en tonalité passant de 229 hertz en 1945 à 206 hertz en 1993″.

Le phénomène serait lié à l’évolution de notre société. Rappelons-nous qu’après avoir accédé au poste de Premier ministre du Royaume-Uni, Margaret Thatcher a consulté un coach vocal pour apprendre à rendre sa voix plus grave. Objectif, paraître plus autoritaire et sérieuse.

En France, c’est l’exemple de Ségolène Royale qui, sous les conseils de Roselyne Bachelot a du « retravailler sa voix » en la rendant plus lisse et grave afin de chroniquer plusieurs émissions télévisées. C’est aussi le cas de Cécile Duflot qui en 4 ans, de 2012 à 2016, a complètement changé de look et de voix, passant d’une voix plutôt aiguë à une voix plus grave dite plus « rassurante ».

Ainsi, dans un monde dominé par les hommes, les femmes auraient-elles besoin d’aligner leurs voix pour gagner en crédibilité ?

Cette théorique est renforcée par le fait que les électeurs auraient tendance à voter plus facilement pour les candidats aux voix graves auxquels ils attribuent plus de compétences. Pour autant, ce n’est pas le cas de la voix du sulfureux Donald Trump qui au niveau des fréquences, se trouve en bas du classement des voix les plus graves des candidats à la primaire républicaine, ce n’est pas non plus le cas de la « jeune » voix de notre actuel président Emmanuel Macron.

[ssba]

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