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Toulouse Innovation

Smart City & Toulouse Métropole – Quel avenir pour une ville start-up ?

Depuis 2015, la métropole de Toulouse déploie une « Stratégie Smart City ». Sous la tutelle du maire Jean-Luc Moudenc, de nombreux projets sortent de terre. Leurs objectifs s’inscrivent dans le développement d’une métropole ouverte vers le monde moderne. Une alliance se créée entre le monde des start-up et celui de l’urbanisme (moderne) mais quelles peuvent en être les conséquences ?

Toulouse est actuellement en période d’élections municipales. Jean-Luc Moudenc, le maire actuel est aujourd’hui en campagne. De ce fait, et jusqu’au 22 mars, Toulouse Métropole ne peut communiquer sur ses actions passées. Ainsi, communiqués de presse et déclarations de la mairie ont été rendus inaccessibles.

Publication Facebook du 4/12/19

Toulouse Métropole, la ville de demain 

En cherchant sur la toile, certains documents officiels sont encore trouvables, comme ce communiqué de Toulouse Open Métropole, trouvé sur le site de la ville de Gagnac-sur-Garonne.

L’article n’est pas daté et contient seulement des visuels (ci-dessous), ainsi qu’un court texte expliquant le déploiement de la « métropole idéale du futur ». Ce document officiel explique que : « Grâce aux nouvelles technologies, la ville pourra proposer de nouvelles innovations de technologie et de services en termes de déplacements ou de communication, comme la 4G dans le métro, la mise en place d’un mobilier urbain connecté ou encore la mise en place d’un véhicule autonome dans Toulouse. Mais ces nouveautés seront aussi d’ordre social, avec par exemple la création de quartiers intergénérationnels. »

Dans ce communiqué, les acteurs du projet définissent le terme de Smart City (définition du CNIL) pour ensuite légitimer le projet « Open Métropole ». Il est décrit comme un projet d’innovations urbaines et technologiques dédié à améliorer le « quotidien » des toulousain·e·s.

Ce visuel présente les différents objectifs du projet Toulouse Open Métropole. Sa cible semble être le·la citoyen·ne toulousain·e (actif·ve, jeune famille, étudiant·e). L’information est présentée de manière esthétique, claire et simplifiée, voire vulgarisée. L’usage des pictogrammes révèle une volonté d’inscrire le projet dans la modernité, en s’appuyant sur les codes du numérique, des réseaux sociaux numériques et des start-ups (définit par le Larousse comme une « Jeune entreprise innovante, notamment dans le secteur des nouvelles technologies.« 

Portrait de Bertrand Serp

Compte Twitter

En campagne municipale :

Diapositives de présentation du projet Toulouse Open Métropole

L’Open Métropole : le développement d’une « ville intelligente »


Une open métropole ou les données circulent librement et apportent des solutions techniques dans les domaines de : l’énergie, la mobilité, l’e-citoyenneté et le service à la personne.

Smart City : Toulouse l'Open Métropole

Lancée en 2014, la démarche Smartcity, qui vise à construire la métropole de demain, vient de fêter ses un an. L'occasion de faire un bilan d'étape et de s'intéresser à tous les projets en cours ou à venir, dans le cadre du nouveau schéma directeur adopté par la Métropole

Publiée par Toulouse Métropole sur Vendredi 11 décembre 2015

Cette vidéo a été publiée le 11 décembre 2015 sur le réseau social numérique Facebook et sur la page officielle de Toulouse Métropole. Elle parait être une présentation du projet Toulouse Open Métropole (englobée dans le projet Smart City). Elle est, avant tout, un outil de communication qui permet aux acteurs du projet d’informer les citoyen.ne.s.

Jean Luc Maté, président de l’association Cluster Automotech, prend la parole pour citer une des améliorations au niveau de la mobilité. Par exemple, lorsque le citoyen cherche une place de parking ou circule dans la ville, des capteurs situés dans la chaussée lui préviendront des zones d’embouteillage.

Bertrand Serp cite ensuite un autre exemple : les capteurs dans les poubelles. Ils permettront de savoir si l’état actuel des poubelles dans nos villes, et ainsi de « mieux rationaliser nos tournées, faire des économies, d’être smart et plus intelligent dans nos process ».

La communication lancée par Toulouse Métropole est centrée sur l’aspect innovant et moderne d’une ville intelligente. Elle met notamment en en avant toutes les améliorations quotidiennes qu’elle suscitera. Ce projet apparait ainsi comme moderne et devrait rendre plus facile le quotidien des toulousain·e·s.

Comment ne pas être séduit à l’égard d’une telle communication ? Mais cette vidéo n’aborde pas les dispositifs techniques, numériques et de surveillances qui sont (et vont être) mis en place pour dans le cadre du projet Smart City.

Toulouse est ainsi décrite comme « un territoire d’innovation », une niche à start-ups, par la pluralité des acteurs enrôlés dans ce projet d’envergure : 350 citoyens, start-ups, PME, TPE, glosters et grandes entreprises, ainsi que des partenaires institutionnels. Ce projet dispose également d’un budget d’envergure : « Sur les 5 prochaines années, un tiers du budget consacré au développement économique par Toulouse métropole va bénéficier aux acteurs de la Smart City, à raison de 100 millions d’euros par an. »

Capteurs, caméras, hauts parleurs, IBM… sont autant de dispositifs qui sont aujourd’hui déployés dans la ville. Est-ce qu’il s’agit réellement d’une solution pour améliorer notre quotidien et aller à l’encontre de l’insécurité ? Ou s’agit-il d’un moyen de contrôler les citoyen.ne.s tout en marchandant leurs données ?

Retour sur l’événement « Toulouse 2030 », tenu du 12 au 14 octobre 2019 – Place du Capitole

Ce rendez-vous est l’occasion pour les acteurs privés et publics de l’aménagement et du développement urbain de la ville rose d’informer le public sur les projets et chantiers en cours sur le territoire. Il est décrit comme étant un évènement :

  • Exceptionnel : de par sa position géographique, la place du Capitole, un élément central de la ville. Ce choix spatial peut ainsi révéler les ambitions du projet.
  • Pop-up : « 3 jours de fêtes », dont l’objectif est d’être le « plus percutant possible et de proposer un grand week-end de fêtes autour de la ville de demain ».
  • Savant et populaire : de par son contenu défini comme riche (scénographie, programmation éclectique, invités de renoms).
  • Fédérateur : le « Tous ensemble » (institutions locales, grands projets urbains, aménageurs, promoteurs, architectes, urbanistes, paysagistes, partenaires…) qui permettra de « donner la parole à chacun d’entre eux et d’offrir une véritable visibilité aux travaux qu’ils défendent ».

Nous pouvons remarquer que la diversité du programme et des activités proposées rendent le contenu ouvert à tou.te.s. La cible d’un tel événement est grand public (intergénérationnelle et diversifiée). Nous remarquons une volonté d’informer le public selon 2 niveaux de lecture : un contenu savant, destiné au public averti ; et un contenu informationnel davantage vulgarisé, destiné à un public plus large.

Un des objectifs d’un événement de cette envergure semble également se situer dans la création d’une communauté. Cette dernière se lierait via les valeurs communiquées par Toulouse Métropole. Dans un tel contexte, la modernité, l’innovation et la technique serviraient de maillon fédérateur au développement d’une communauté, que l’on pourrait qualifier « d’intelligente » à l’aube de la « Smart City de demain ».

Les moyens mis en œuvre pour cet événement paraissent être importants (budget conséquent et invités de marques), le but principal étant sûrement de faire entendre et accepter le projet Toulouse Métropole auprès de l’opinion publique. La stratégie de communication, quant à elle, est centrée sur la séduction, c’est-à-dire que la forme et le fond ont été pensé pour séduire le public, les spectateur·trice·s, et les faire adhérer aux valeurs transmises.

La bataille entre Toulouse 2030 et Toulouse 2031

Toulouse 2031 est un collectif regroupant 29 associations. Cette alliance prône la volonté d’aller à l’encontre des projets développés par Toulouse 2030. Leurs objectifs est ainsi de placer le citoyen.ne au cœur du développement de sa ville. Pour faire « face à Toulouse 2030, le lobby des multinationales (immobilier, eau, banques), Toulouse 2031 s’efforce de proposer un futur pour tous les Toulousain·e·s ».

Les 15 et 16 juin 2019, les associations, les bénévoles, les collectifs et les organisateurs (le DAL31, Non à Val Tolosa, St Cyp’ quartier libre, Non au gratte-ciel de Toulouse ou encore l’Université populaire de Toulouse) se sont réunis sur les quais de la Daurade.

Né en réaction à l’événement Toulouse 2030, Toulouse 2031 lutte « contre la privatisation de l’aéroport, pour l’accès au logement, contre le projet de tour Occitanie, pour une gestion publique de l’eau… ». Une bataille est lancée, la ville rose (ou la prochaine start-up city) devient source de convoitises, où banquiers, promoteurs, institutions, associations et citoyens s’affrontent.

Mais, face au pouvoir de leurs adversaires, la parole de ces associations peut-elle suffire à retarder un projet d’une telle envergure ?

Toulouse 2031 is coming!

ALLOCUTION EXCEPTIONNELLE DE JVC:" Good news: dans le cadre de notre partenariat avec nos amis de la @Compagnie De Phalsbourg, nous avons signé le permis de construire de la Tour d'Occitanie! Un grand pas pour le tourisme d'affaire dans notre ville!Un immense merci aux lobbys de l'immobilier et du BTP pour nous avoir aidé à bétonner l'Enquête Publique, ça c'est du team-building!"??

Publiée par Toulouse 2031 sur Dimanche 26 mai 2019

Retour sur l’événement Smart City Toulouse, tenu le 13 décembre 2019 – Place du Capitole

Cet événement à été organisé par Toulouse Métropole, La Tribune et Live Living City.

La présentation est ouverte par Jean-Luc Moudenc, suivi par Cédric O, secrétaire d’État au Numérique. Au cours de la journée, différents thèmes ont été abordés : 

  • Les nouveaux enjeux de l’intelligence artificielle (IA)
  • L’innovation sociale, ou les nouvelles armes données par la Smart City pour lutter contre toutes les formes d’exclusion sociale, au bénéfice de la qualité de vie
  • La nature en ville, face à l’urgence climatique
  • Les nouvelles perspectives données par la gestion de l’espace et des mobilités (à travers la Smart City)

Par ces 4 thèmes, les acteurs privés et publics présentent les grands objectifs du plan Smart City : le développement d’une ville intelligente basée sur l’innovation sociale et numérique. Ces progrès semblent représentés des solutions aux problèmes sociaux, environnementaux et économiques de Toulouse, et plus largement aux problèmes mondiaux. 

Les invités viennent de toutes disciplines (économie, géographie, marketing, numérique) ou domaines (entrepreneurial, innovation, éducation, environnemental) et sont principalement chercheurs ou chefs d’entreprises. 

Ce rendez-vous est, ainsi, transdisciplinaire et allie le fonctionnement d’une ville à celui du monde de l’entreprise. Est-ce qu’une ville peut réellement fonctionner comme une entreprise ? Le développement du numérique et des start-ups ne serait-il pas sur le point d’englober nos sociétés modernes ? 

Pour les intervenant·e·s, la solution se situerait au cœur de la transparence, en donnant de l’éthique aux machines de demain. Est-ce qu’une morale appliquée aux technologies suffirait à nous sauver des effets néfastes d’un monde basé sur l’économie ? 

Pierrick Merlet, journaliste à la Tribune, revient sur ces questions qui animent nos sociétés à l’aube de l’intelligence artificielle : « Faut-il avoir peur de l’intelligence artificielle et des technologies qui l’utilisent […] ou encore l’exploitation des données que cette intelligence récolte sur ses utilisateurs, sans parler des robots intelligents qui pourraient remplacer les hommes ? »

Sur le terrain, pour faire exister cette transparence, la solution proposée est l’instauration d’un cadre politique. Un ensemble de règles (accords) créant une charte d’obligations éthiques. 

Pour Bertrand Sep, « Les politiques sont au cœur du système car c’est à eux de fixer les règles. Alors aujourd’hui, il est dit que la France est trop normée mais grâce à ces gardes-fous nous savons où nous allons. » Fixer des limites aux progrès tout en garantissant son développement… pour les élus, la solution se trouverait donc dans l’équilibre.

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Toulouse Sécurité

Toulouse « ville intelligente » : protection ou surveillance à l’ère du digital ?

En 2014, le maire de la Ville rose, Jean-Luc Moudenc, a lancé un vaste plan de protection citoyenne, avec l’idée d’installer pas moins de 400 caméras, ainsi que des dispositifs de surveillance à la pointe de la technologie dans toute la ville. Or, l’idée d’une ville à l’allure de 1984 de George Orwell est loin de faire l’unanimité.

À l’image des initiatives lancées aux 4 coins du globe depuis une dizaine d’années, Toulouse Métropole a lancé en 2015 son projet de « Smart City », avec pour objectif de créer une ville plus innovante, plus connectée mais aussi et surtout, plus sûre. Toulouse a ainsi discrètement vu fleurir des dispositifs filmiques de plus en plus intelligents, certains faisant même appel à l’intelligence artificielle, au machine learning et à de meilleurs systèmes de gestion des vidéos. De son côté, le maire de la ville et membre des Républicains, Jean-Luc Moudenc, explique aux citoyen·ne·s vouloir assurer la sécurité de chacun·e. En outre, les progrès technologiques sont, doucement mais sûrement, en train de révolutionner la façon dont la police recueille des preuves et lutte contre la criminalité.

Par ailleurs, à cause des nombreuses attaques terroristes perpétrées sur le territoire français depuis 2015, le gouvernement a dû redoubler de moyens pour assurer la protection et la sécurité de ses citoyen·ne·s. L’état d’urgence est déclaré et la sécurité nationale devient le maître mot et la priorité du pays tout entier. C’est aussi dans ce contexte que Jean-Luc Moudenc s’est lancé, dès 2015, dans un vaste projet d’implantation de caméras de vidéosurveillance un peu partout dans la Ville rose. Par conséquent, à Toulouse, où l’on ne comptait que 21 caméras en 2014, on en dénombrait déjà 350 en 2016 et 402 en 2020, soit une hausse de… 1 814 % !

La répartition des caméras de vidéosurveillance dans le centre-ville de Toulouse.
En rouge sont représentées les caméras publiques, en bleu les caméras privées.
© toulouse.sous-surveillance.net

D’après les acteurs politiques favorables à l’installation de ces nouveaux dispositifs de surveillance, le recueil, l’analyse et le traitement des données personnelles serviraient à l’intérêt commun. Pourtant, il persiste, chez certain·e·s, une crainte légitime qu’une part de leurs données ne soient utilisées sans leur consentement, ou qu’une fois leur accord donné, ces dernières ne soient détournées. De fait, l’utilisation du machine learning dans le domaine de la sécurité est loin de faire l’unanimité : risque de reproduire des biais humains, fichage des citoyens… Le projet pose également problème sur le plan de la liberté d’expression, d’opinion, de conscience, de circulation, de manifestation, dans un contexte où la surveillance des foules est mise en exergue.

Dans ce contexte, l’enjeu des acteurs publics œuvrant à ce projet est de taille : obtenir, mais surtout conserver la confiance des citoyen.ne.s pour l’utilisation de leurs données pour l’intérêt général.

Vidéoprotection ou vidéosurveillance ? Le conflit entre protection citoyenne et protection de la vie privée

Il semble intéressant de souligner que, d’un point de vue sémantique, les termes repris par les différents acteurs municipaux sont différents : si la Droite préfère généralement parler de systèmes de « vidéoprotection », la Gauche et ses opposants parlent plutôt de « vidéosurveillance ». Il s’opère donc déjà un conflit autour de l’utilisation généralisée de ces dispositifs. D’ailleurs, l’un des arguments de l’opposition est d’affirmer que les caméras de surveillance n’auraient pas nécessairement une grande efficacité sur le taux de délinquance de la ville. En effet, les débordements et dégradations du centre-ville, au cours des manifestations qui ont lieu chaque semaine, suffisent à faire douter du pouvoir dissuasif de ces dernières.

En 2019, Toulouse prenait la neuvième place dans le classement des villes de plus de 100 000 habitants ayant le plus grand nombre de dispositifs de surveillance. Le maire de Toulouse, en pleine campagne pour les élections municipales de 2020, a par ailleurs confirmé sur son compte Twitter la volonté d’en installer 100 de plus d’ici la fin de son mandat, toujours dans le but de « protéger les toulousains » comme il le répète à plusieurs reprises (vidéo ci-dessous).


En outre, la mairie de Toulouse argumente en mettant l’accent sur la capacité des outils de vidéo-protection à contribuer à la résolution d’enquêtes et sur son utilité pour les victimes. Depuis 2016, le poste de contrôle vidéo a saisi la police 2 257 fois après avoir repéré un comportement suspect sur la voie publique. En 2017, le Capitole affirmait que les réquisitions d’images vidéo dans le cadre d’enquêtes de police sont passées de 73 à 385 depuis le début de l’implantation du réseau. En 2018, la police nationale a procédé à 1 418 réquisitions d’images auprès du Centre municipal de vidéoprotection urbaine (CVU), soit presque 2 fois plus qu’en 2017. La mairie insiste également sur un autre service rendu par la vidéoprotection : le secours à la personne, soit près de 207 cas en 2018.

Remise en cause de la protection citoyenne : des dispositifs liberticides ?

De leur côté, les personnes qui sont contre ces dispositifs avancent notamment 2 arguments.

Premièrement, de nombreuses études auraient démontré que ces dispositifs n’auraient pas d’effets avérés sur le taux de criminalité ou de délinquance.
En effet, selon le sociologue et chercheur Laurent Mucchielli, pour mesurer l’impact de la vidéosurveillance sur le taux de délinquance, il faudrait savoir, parmi ces réquisitions d’images, combien ont vraiment joué un rôle dans l’interpellation d’un individu. Toujours selon ses recherches, ils représentent 1 à 3 % des cas étudiés par le sociologue, un chiffre qui est loin de justifier les investissements réalisés par les communes de Toulouse Métropole : 9,7 millions d’euros depuis 2014 à Toulouse, où près de 400 caméras sont actuellement opérationnelles. Quant à la détection de faits de délinquance en direct, là encore d’après le chercheur niçois, le constat est sans appel :

« Elle est si faible qu’aujourd’hui, le système est détourné pour faire de la vidéo-verbalisation d’infractions routières. Et quand il s’agit de sécuriser une zone précise, comme un point de trafic de stupéfiants, les caméras ne font que déplacer le problème. »

Pour les instances gouvernantes, il s’agit d’offrir une plus grande protection aux citoyen·ne·s, une ville plus sûre. Mais faut-il pour autant renoncer à l’anonymat ? De tels systèmes supposent de se nourrir de toujours plus de données, et plus spécifiquement de données personnelles.

Aujourd’hui, le système est détourné pour faire de la vidéo-verbalisation d’infractions routières.

D’après Jean-François Mignard, de la Ligue des Droits de l’Homme Midi-Pyrénées, la surveillance est un engrenage. Ce dernier pointe du doigt les nouveaux dispositifs qui ont fleuri après les caméras de surveillance : caméra haut-parleur à la Daurade, applications pour dénoncer les incivilités de ses voisins, numéro vert contre les voiries encombrées, les incivilités et les questions de propreté, algorithmes de détection par IBM, caméras thermiques au bord de la Garonne… Dans un article de la Dépêche parût en 2018, il s’exprime : « On rentre dans l’ère de Big Brother. C’est une dérive au détriment des libertés publiques. »

Installées en 2017, les caméras haut-parleur de la Daurade permettent à l’agent qui voit l’infraction depuis le poste de contrôle vidéo, de s’adresser au contrevenant via le haut-parleur qui a été ajouté à la caméra déjà existante. Pour avoir personnellement rencontré la situation une fois avec des amis, j’avoue être restée sans voix face au rappel à l’ordre venant d’en haut… sans que je ne sache vraiment d’où. Il est vrai que ce dispositif a un côté très voyeur et intrusif, surtout quand on ignore sa présence. D’après Olivier Arsac, l’adjoint au maire chargé de la sécurité, « ça marche et c’est plus doux qu’une verbalisation ». Ce dispositif, qu’il qualifie de « drôle et original », pourrait s’étendre à plusieurs endroits de la ville.

Reportage sur les nouveaux dispositifs de la Daurade à Toulouse
© France 3 Occitanie

Or, tous ces dispositifs de surveillance posent des questions de l’ordre de l’éthique. L’algorithme de détection de la société IBM risque-t-il de démultiplier les discriminations structurelles déjà subies par celles et ceux qui vivent dans les quartiers pauvres ? Par ailleurs, il soulève un autre problème : le risque de faux-positifs dans la détection des comportements suspects et des infractions.

Par ailleurs, il semblerait que le recours à ce type de dispositifs, toujours plus performants, se généralise partout sur le territoire français. Par exemple, lors du dernier carnaval de Nice, la reconnaissance faciale a été testée sur des volontaires. À Saint-Etienne, il y a même eu un projet pour expérimenter l’audio-surveillance afin de détecter les bruits suspects, avant d’être annulé sur avis de la CNIL. Sur le plan de la liberté d’expression, d’opinion, de conscience, de circulation, de manifestation, le projet pose également question, tant la surveillance des foules est mise en exergue.

Pour dénoncer les dérives de la surveillance massive dans le contexte des smart cities, la Ligue des Droits de l’Homme a lancé en 2019 la campagne Technopolice, ainsi qu’une plateforme ayant pour but de documenter le déploiement des projets de surveillance à travers le pays. L’autre enjeu de cette campagne est de parvenir à organiser des résistances locales, en les fédérant.

Ces dispositifs de surveillance, tels qu’on a pu les voir, posent des questions sur nos libertés individuelles : pourra-t-on se joindre à un événement culturel ou une réunion politique sur la voie publique sans risquer d’être fiché ? Autoriserons-nous partout en France la reconnaissance faciale ?

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Toulouse Innovation

Quand la Ville rose s’élève : à qui profite le projet Tour Occitanie ?

D’ici 2030, Toulouse va connaître des transformations profondes, avec l’apparition
de la Tour Occitanie, gratte-ciel ambitieux et emblème du nouveau quartier d’affaires Grand Matabiau. Si la municipalité entend ainsi dynamiser la métropole,
ces projets ne plaisent pas à tous les toulousain·e·s.

La Tour Occitanie : un projet d’envergure

Dévoilé en 2017, le projet de construction d’un gratte-ciel à seulement quelques centaines de mètres de l’historique place du Capitole a révélé au passage la forte ambition
de la municipalité à faire de Toulouse une ville tournée toujours plus vers la modernité et l’internationale.

La Tour Occitanie, dont la livraison est annoncée pour 2022.
© Studio Libeskind/Compagnie de Phalsbourg

40 étages riches de promesses

La future Tour Occitanie, dessinée par l’architecte polonais mondialement reconnu Daniel Libeskind, portée par la Compagnie de Phalsbourg et le cabinet toulousain Kardham, est un gratte-ciel de 153 m de haut, totalisant 40 étages. Construite sur le site de l’ancien centre de tri postal, au bout des allées Jean-Jaurès, l’édifice devrait présenter plusieurs fonctions.

À la fois immeuble de bureaux, de commerces et de logements, cette tour a pour ambition la création d’un nouveau pôle d’activité en plein centre-ville, d’une offre locative intermédiaire ainsi qu’une offre hôtelière attractive (tout près du futur pôle d’échange multimodal de la gare Matabiau). Définie comme respectueuse de l’environnement,
la « tour verte » à l’architecture vitrée et végétalisée est également présentée comme une solution face à l’étalement urbain. Pour cause, les entreprises qui, jusqu’à présent, ne pouvaient trouver des grandes surfaces de bureaux qu’en périphérie pourront venir s’implanter en plein de cœur de la Ville rose.

Un symbole pour l’« extérieur »

Jean-Luc Moudenc s’exprime sur le projet.
© Groupe Métropole d’Avenir / YouTube

Concrètement, un projet tel que celui-ci ne peut que révéler l’ambition de Toulouse à rayonner au-delà de ce qui fait la ville d’aujourd’hui. En avril 2017, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc en parle comme un « signal », expliquant qu’il s’agit notamment de « créer un nouveau poumon économique ». Non-seulement dynamisante et novatrice au niveau architectural, la tour de Libeskind est « un message qu’on envoie notamment à l’extérieur […] de l’ambition de Toulouse et de la dimension de plus en plus internationale que notre ville est en train d’acquérir ».

L’« extérieur », c’est donc l’international pour Moudenc. Il s’agit-là d’une volonté forte de la municipalité : la Ville rose, ville étendue en surface et métropole au record de croissance démographique de France, connue principalement pour sa vitrine aéronautique, peut désormais s’offrir le luxe d’un gratte-ciel. Le prestige se retrouve également dans la conception, puisque Daniel Libeskind est par ailleurs bien connu pour être à l’origine du musée juif de Berlin ou encore du One World Trade Center, à New York. Avec la Tour Occitanie, Toulouse entre de plein pieds dans la mentalité mondialiste selon laquelle les principaux pôles économiques (New York, Londres, Paris, Marseille…) montrent leur attractivité en s’élevant vers les nuages.

Élever le Canal jusqu’au ciel

Dessinée pour répondre à l’appel d’offre lancé par la SNCF en 2016, la Tour Occitanie sera le premier projet réalisé dans le cadre du Grand Matabiau. L’un des impératifs préexistants à l’appel d’offre était de faire correspondre la future construction avec l’environnement.

Lors de la présentation de la tour au MIPIM (salon international de l’immobilier) de Cannes, en 2017, Jean-Luc Moudenc a insisté sur le patrimoine historique du site, en rappelant que le canal du Midi est un bien « classé à l’Unesco », tout autant qu’un bien « naturel ». Pour la municipalité, il était ainsi « inconcevable » de sélectionner un projet aussi moderne sans qu’il soit en « dialogue » avec le « Canal du XVIIe siècle
et la tour du XXIe siècle ».

La dialogue végétal avec le Canal est représenté dans la conception de l’édifice par son jardin cheminant du socle jusqu’au sommet de la tour, et reprenant les codes de végétation déjà présents sur le site. L’architecte Daniel Libeskind l’explique lui-même, lors du même salon : « J’ai été réellement inspiré par le canal du Midi, les beaux arbres, ces arbres en continu qui bordent le Canal, cet espace très poétique qui prend l’énergie
et la beauté du centre de la ville […] et je l’ai apportée comme dans un vert chemin vers le ciel. »

Face aux caméras de France 3 Région, le représentant du cabinet d’architectes toulousains Kardham, associé au projet, mentionne un « endroit magique » où il a été directement envisagé de « créer quelque chose avec le canal du Midi ». Il ajoute : « Cette tour, c’est un peu comme si le canal du Midi montait vers le ciel, en fait. »

Au fond, elle tire la ville vers le haut.

Jean-Luc Moudenc, face aux caméras de France 3 à propos du projet

Si Moudenc rappelle la proximité et l’harmonie de la construction avec le patrimoine du site, il confie voir en ce projet l’image du « printemps architectural » de la ville.
Plus encore, le maire en parle comme de quelque chose voué à tirer la ville « vers le haut », un double sens qu’il est intéressant de souligner. Au sens premier, tout d’abord, puisqu’il est ici question d’un gratte-ciel, appelant immédiatement l’idée de verticalité – mais il ne s’agit pas du sens véritablement entendu par Moudenc lui-même. Aller « vers le haut » implique l’idée d’être préalablement en bas. Lorsqu’on parle d’une ville, on parle d’une cité et donc de ceux qui la composent : ses habitants. La résonnance d’une phrase si simple, celle prononcée par le maire de Toulouse, est lourde de connotations. Elle pousse, en effet, à penser que le politique considère que la ville (et donc, sa population) est
en bas… et aurait donc besoin d’être élevée. Qu’il s’agisse d’une élévation économique, sociale ou tout simplement architecturale, le maire se place ici dans la position de celui en capacité de porter les autres, et rappelle donc bel-et-bien sa fonction de meneur.

Outre sa proximité au sud avec le canal du Midi, la Tour d’Occitanie servira d’ouverture, au nord, à un projet plus vaste encore : Grand Matabiau.

L’inquiétude d’un quartier d’affaires vertical

La tour de 40 étages n’est pas un projet isolé, puisqu’elle fait partie d’un plan d’ensemble lancé en 2016 sous le nom Toulouse EuroSud-Ouest (TESO), rebaptisé « Grand Matabiau » en 2019.

Matabiau réimaginé

Projet d’urbanisme colossal à l’horizon 2030, Grand Matabiau prévoit
le réaménagement du quartier historique de la gare en un quartier d’affaires dynamique, accès principalement autour des voies de transports en commun.

Présentation du projet Grand Matabiau.
© Europolia/Toulouse Métropole

La construction, notamment, d’immeubles de bureaux et de logements prévoit la dynamisation de la zone, qui sera articulée autour d’un pôle multimodal (gare, métros, bus…) et d’un réaménagement complet de l’urbanisme local (création de nouvelles rues et de sous-quartiers, en plus d’espaces verts, par exemple). La 3e ligne de métro devrait également ouvrir 2 nouvelles stations autour de la gare. L’entreprise Europolia, responsable du projet, précise l’objectif final d’avoir un « quartier à vivre dans le prolongement du centre-ville ».

Depuis les premières concertations publiques, le projet est très controversé dans son ensemble. Plusieurs arguments et critiques ont été émises, principalement celles de la modification d’un quartier populaire en un quartier d’affaires adressé aux plus aisés et de l’augmentation des impôts locaux sur le secteur, accélérant donc la gentrification du centre-ville. Un collectif anti-TESO s’est d’ailleurs formé et reste très actif. Enfin, l’utilité de la construction d’une tour comme figure de proue du Grand Matabiau est vivement questionnée.

Des concertations publiques aux résultats étonnants

Pourtant, les divers projets ont bien été soumis à concertation : entre mars 2016 et mars 2017, plusieurs enquêtes publiques ont été tenus pour informer les citoyens des futurs aménagements. Si le projet TESO a suscité plusieurs inquiétude lors de ces débats, la Tour Occitanie, elle, n’était même pas mentionnée.

C’est sur cette base que les citoyens ont été consultés en 2016,
un immeuble ne dépassant pas les 100 m de hauteur.
© Toulouse Métropole/Non au gratte-ciel de Toulouse

En mars 2016, il est expliqué aux publics que l’édifice prévu à l’emplacement de la future tour ne devrait pas dépasser les 50 m de hauteur. Ce n’est qu’à partir du mois suivant que survient la suggestion d’un immeuble de grande hauteur (IGH), amenée par Jean-Luc Moudenc, certifiant cependant que l’immeuble ne dépasserait pas les 100 m de haut. Dès le mois de juin, le compte-rendu des enquêtes stipule l’ouverture d’esprit des publics pour un projet allant jusqu’à 150 m de haut, sans plus de précision sur la nature des commentaires (pour le déroulé des enquêtes publics plus en détail, voir ici).

Un an plus tard, en mars 2017, Toulouse Métropole révèle publiquement la première maquette de la Tour Occitanie, celle-ci n’ayant fait l’objet d’aucune concertation particulière en amont, au salon du MIPIM de Cannes. À cette occasion, les toulousain·e·s découvrent le projet en même temps que les médias.

Des inquiétudes diverses

Hausse des loyers et du coût de la vie aux alentours, ombre portée impactant la vie des riverains, atteinte au paysage urbain, crainte d’un fort impact écologique et environnemental… nombreuses sont les contestations faites à la municipalité face au projet de gratte-ciel. Si l’annonce de Moudenc a été accueillie de façon mitigée par les toulousain·e·s, des collectifs n’ont pas tardé à s’organiser pour mener une action de front, comme le collectif Non au gratte-ciel de Toulouse (également présents sur YouTube).

L’une des premières inquiétudes porte notamment sur le coût de la tour : estimée
à 130 millions d’euros (95 selon Kardham), elle représente un investissement considérable. Même si la municipalité, et notamment l’adjointe au maire Annette Laigneau, a assuré que la collectivité « ne débourserait pas 1 centime » pour sa construction, la question du coût de l’aménagement de son accès reste importante pour
le Collectif. Bien qu’entièrement financée par des fonds privés, jusqu’à la pose et à l’entretien de ses parois végétalisées, la tour pourrait en effet nécessiter davantage de frais.

Vient ensuite la question du paysage urbain. Pour les opposants, la tour viendrait dénaturer le paysage de Toulouse, et marquerait une rupture pour l’historique Ville rose. Plus encore, à terme, la crainte est de voir le Grand Matabiau devenir un concentré de tours, à la manière de la City londonienne ou du quartier Part-Dieu de Lyon qui, depuis 1972, voit les IGH se multiplier.

En décembre 2019, le directeur de France Nature Environnement Midi-Pyrénées, Jean Olivier,
répondait aux caméras de France 3 concernant les inquiétudes environnementales.
© France 3 Occitanie/YouTube

Les inquiétudes environnementales sont également très variées. Tout d’abord, la consommation énergétique d’un tel bâtiment qui entrainerait à la fois l’apparition d’un îlot de chaleur supplémentaire (à l’heure où l’écologie presse pour les réduire) et nécessiterait un apport d’eau considérable (ne serait-ce que pour l’entretien des végétaux en façade). Ensuite, un risque d’inondations important, les fondations de la tour créant un blocage des nappes phréatiques et laissant à chaque pluie l’occasion de les saturer.
Mais le risque le plus inquiétant serait celui d’un débordement du canal du Midi, le site du chantier étant en fait le plan de secours pour évacuer l’eau vers les chemins de fer en cas de nécessité.

Enfin, le plus grand questionnement reste celui de l’avenir de la Ville rose. Le risque d’augmentation du coût de la vie en centre-ville entraînerait, selon les détracteurs du projet, une irrémédiable gentrification, incompatible avec les populations peu aisés qui occupent le secteur de Matabiau. La perte de l’identité locale, avec un développement urbain plus mondialisé ou encore le développement de Toulouse Smart City, à base de tours et de quartiers d’affaires, est également une source d’inquiétude.

Un projet bel et bien enclenché

Malgré tous ces questionnements, le permis de construire la tour a bien été signé et délivré par la mairie de Toulouse en juillet 2019. Si la municipalité s’en félicite, le Collectif opposant considère cette décision comme étant anti-démocratique. En argumentaire de leur pétition en ligne, ils dénoncent un « déni de la démocratie locale ».

Depuis, plusieurs recours en justice ont été déposés par les anti-tours, soutenus notamment par des associations telles que le DAL 31.

Fin 2017, le président du Collectif, Richard Mebaoudj, s’était adressé directement au maire par courrier pour exprimer ses inquiétudes. La réponse de Jean-Luc Moudenc a été rendue publique (PDF).

Dans cette lettre de 6 pages, le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole tente de répondre à toutes les incertitudes qui planent autour de la construction et de la viabilité de la Tour Occitanie, et se veut rassurant. Cependant, dès les premiers paragraphes, il ne manque pas de rappeler l’engouement local pour le projet et sa vocation exceptionnelle pour Toulouse.

Tout d’abord, je tiens à vous préciser qu’un bon nombre de Toulousains m’ont écrit pour me témoigner leur satisfaction de voir réalisée au sein de notre ville une telle prouesse architecturale. (…) Il est à noter qu’avec cette tour, Toulouse, métropole des réussites, disposera d’une réalisation
à la hauteur de ses ambitions.

Jean-Luc Moudenc, courrier à l’attention de Richard Mebaoudj et du collectif Non au gratte-ciel de Toulouse

Au moyen de nombreux outils typiques de la rhétorique et du discours politique (contre-exemples, inversions, appel aux chiffres, recours aux conventions collectives et à la législation…), Moudenc souhaite démontrer que la Tour est bien pensée, conçue et que chaque problématique a bien été étudiée en amont (« Ces sujets sont parfaitement maîtrisés et ne posent aucun problème »). Il rappelle ensuite que l’autorité (Architecte
des Bâtiments de France) est bien de son côté, et implique par la même que ses soutiens sont nombreux et infaillibles.

S’agissant de la présence de logement sociaux, Moudenc resitue le projet dans les plans plus vastes du Grand Matabiau, justifiant leur absence au sein de la tour. Selon lui, et en vertu des préconisations du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) qui appuie une proportion de 35 % de logements sociaux dans les nouveaux logements construits à Toulouse, il est préférable d’appliquer cette provision à l’ensemble du projet Matabiau plutôt qu’à la tour elle-même (cela maximisant automatiquement leur nombre). Il ne fournit en revanche aucune réponse précise quant à la présence effective de logements sociaux ou non dans la tour.

Concernant la crainte de la gentrification du centre-ville, pour Moudenc, le détracteur voit les choses à l’envers : ce n’est pas la tour qui va faire augmenter le coût de la vie aux environs, mais c’est bien en raison de son augmentation que le projet est rendu possible. En effet, « la tour n’est pas une cause, mais une conséquence de cette hausse ».

Le maire se dit « volontariste » pour attester de sa bonne foi et rappelle que
« la municipalité reste ouverte au dialogue » (ce qui sera prouvé être faux dans les mois suivant cet échange). Enfin, il emploie le futur pour s’exprimer tout au long de son courrier, sans la moindre conditionnelle. Il n’y a donc pas de doute : pour Jean-Luc Moudenc, l’édifice sera bel-et-bien construit.

Vous le voyez, cette tour n’a pas pour but de défigurer notre cité, bien au contraire !
Toulouse est grande ville qui monte en France.

Avant-dernière phrase du courrier de Jean-Luc Moudenc

Avec le permis de construire délivré, rien n’empêche la Tour Occitanie de sortir de terre d’un jour à l’autre. Si le projet est bien ambitieux (pouvant faire penser notamment à du marketing territorial de grande échelle) pour ses initiateurs, il reste un sujet d’anxiété pour les citoyens opposés à sa mise en œuvre. Les années passées à débattre et planifier un nouveau cœur pour Toulouse n’ont pas suffit à joindre le dialogue entre les 2 camps : les inquiétudes urbaines, environnementales et sociales des toulousain·e·s n’ont pas été rassurées… si tant est qu’elles le soient avant que les jardins de la Tour Occitanie ne culminent au sommet de Toulouse.

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Toulouse Mobilité

Le téléphérique toulousain : un exemple de marketing territorial

Depuis la loi de décentralisation politique dans les années 80, qui a donné une plus grande indépendance aux communes françaises, ces dernières essayent de mettre en lumière leur territoire pour attirer aussi bien des habitants que des entreprises. Pour cela, les municipalités françaises ont recours à ce qu’on appelle le marketing territorial.

Le marketing territorial, qu’est-ce que c’est ?

Dans un article paru en 2008 dans La Revue des Sciences de Gestion, Jérôme Baray souligne que « [l]e rayonnement des territoires est un défi stratégique pour les collectivités qui souhaitent pérenniser leur développement local ». Ainsi, à l’heure où nos sociétés sont tournées vers le monde, on voit qu’il en est de même pour les communes et villes françaises. Ainsi, on voit fleurir de plus en plus de projets visant à capter l’attention à la fois des individus et des investisseurs, entreprises ou autres.

Pour pouvoir se démarquer des autres villes et territoires, les municipalités ont recours à ce qu’on peut appeler du marketing territorial. Les communes reprennent ainsi les codes et les techniques du marketing de consommation de masse pour promouvoir leur territoire et lui donner une plus grande visibilité. Pour cela, les municipalités peuvent utiliser les sites web et les réseaux sociaux comme vitrines, pour mettre en avant les projets d’urbanisme qu’elles portent, et ainsi montrer leur développement et leur dynamisme à de potentiels habitants ou investisseurs français comme étrangers.

On retrouve ces techniques de mise en valeur d’un territoire dans les discours que portent Toulouse Métropole, l’entreprise de transports toulousaine Tisséo et la Ville de Toulouse sur le projet de téléphérique qui doit relier le sud de l’agglomération en passant au-dessus de la Garonne.

Vidéo promotionnelle du futur téléphérique – © TAILLANDIER ARCHITECTES ASSOCIES

Le projet « Téléphérique Urbain Sud »

Les travaux pour le téléphérique urbain ont débuté en juillet dernier. Ce projet, à l’étude depuis 2005, devrait voir le jour à la fin de l’année 2020. Avec un budget estimé au départ à 54 millions d’euros, la ligne va finalement représenter un investissement de 82 millions d’euros. Une partie des coûts du projet sera pris en charge par la région Occitanie et la métropole toulousaine, car ce projet s’inscrit dans le Projet de Mobilités 2020-2025-2030 porté par la Ville de Toulouse et Tisséo.

Les chiffres du projet

  • Un tracé de 3 km ce qui en ferait le téléphérique urbain le plus long de France ;
  • 3 stations : l’Oncopôle, le CHU Rangueil et l’Université Paul Sabatier ;
  • 10 min pour relier les extrémités de la ligne ;
  • Un service assuré de 5h du matin à minuit ;
  • 8 000 voyageurs attendus par jour ;
  • 1 cabine toutes les 90 secondes aux heures de pointe ;
  • Il sera conçu pour résister à des vents de 108 km/h ;
  • Le point le plus haut culminera à 70 m ;
  • Seulement 5 piliers pour soutenir la ligne.
Le tracé du futur téléphérique. ©DR

Un projet qui s’inscrit dans le Projet de Mobilités 2020-2025-2030

Si ce projet a pu voir le jour, c’est parce qu’il répond en réalité à l’obligation qu’ont toutes les agglomérations de plus de 100 000 habitants d’avoir un Plan de Déplacements Urbains. Tisséo, va reprendre les mesures du PDU et ainsi créer le Projet de Mobilités 2020-2025-2030 dans lequel s’insèrent toutes ses réalisations concernant les transports : du dédoublement du métro à la création du téléphérique, en passant par des pistes cyclables.

Avec l’accord et l’aide de la métropole toulousaine et de la région Occitanie, Tisséo s’engage ainsi à lancer des chantiers pour promouvoir les mobilités douces qui répondent à la demande des habitants et qui respectent l’environnement.

Présentation du Projet de Mobilités 2020-2025-2030. © Tisséo Collectivité

Tisséo élargie son offre de transport


En juillet dernier, Tisséo a présenté les avancées du projet de téléphérique urbain dans un communiqué de presse, et notamment l’accord de la commission d’enquête. L’entreprise de transport toulousaine y présente aussi l’identité de sa future offre : Téléo. Avec ce nom, l’entreprise s’assure d’une continuité dans son image de marque et donc d’une meilleure acceptation de ce mode de déplacement par les utilisateurs des transports en commun toulousains.

« La résonnance recherchée avec Tisséo ou encore Linéo, assure un lien de parenté avec les marques institutionnelles ou commerciales et contribue ainsi à une meilleure attribution du produit à la marque. » (communiqué de presse Tisséo, 5 juillet 2019)

Les études de faisabilités menées par l’entreprise Tisséo ont commencé dès 2005. Après plusieurs concertations publiques et remaniements du tracé, la commission d’enquête publique a validé les changements au début du mois d’avril 2019. Avec cet avis favorable, Tisséo et la municipalité ont fait démarrer les travaux dès la fin juillet. Avec une date de mise en service prévue pour la fin de cette année, les travaux de construction des trois stations ont débuté en même temps sur les lieux des futures stations.

Quelle image pour la métropole toulousaine ?

Tisséo et la métropole toulousaine se félicitent des accords obtenus et annoncent que Toulouse possédera le plus long téléphérique de France avec les 3 km de la ligne. Dans leurs différentes présentations du projet, ces deux entités insistent vraiment sur ce point et également sur l’idée que Toulouse va rejoindre ainsi un « club très fermé » : celui des grandes métropoles qui possèdent un téléphérique comme transport en commun. Cette idée va être reprise dans tous les articles de presse et les communiqués réalisés par les différents acteurs du projet.

En reprenant dans leurs discours les arguments sur la dimension innovante du projet, mais également sur sa dimension écologique, la métropole toulousaine, ainsi que Tisséo, donnent à voir une image du projet, un ethos, qui sous-entend aussi l’image que la Ville de Toulouse veut se donner. Ainsi, cette dernière cherche ainsi à assoir sa position de ville à l’avant-garde des innovations et des changements, le tout en adéquation avec l’environnement qui est au cœur de leurs discours.

Toulouse, ville dynamique et innovante

Avec ce projet, la ville de Toulouse se positionne tout d’abord comme une ville dynamique, innovante, et qui cherche à attirer un maximum de personnes sur son territoire : futurs habitant·e·s, étudiant·e·s mais aussi entreprises. Le premier point avancé pour légitimer cette construction, c’est la volonté de répondre à l’augmentation démographique que connait la métropole toulousaine, tout en pensant au futur de la ville et de ses moyens de transports. Les 3 stations qui vont être reliées par la ligne de téléphérique représentent également des pôles économiques majeurs, mais aussi des centres d’innovation. En effet, l’Oncopole, par exemple, est l’un des plus grand centres de recherche sur le cancer en France et cette structure développe des protocoles médicaux pour soigner les patient·e·s atteint·e·s d’un cancer.

Le dynamisme de la ville est montré par le fait que la ligne de téléphérique va faire la jonction entre les lignes de métro A et B, mais également avec les lignes de bus. C’est l’arrêt de l’université Paul Sabatier qui va être l’épicentre de cette jonction de moyens de transport.

Toulouse, ville écologique

Dans les discours qui sont portés par Tisséo ou la métropole toulousaine, ce projet de téléphérique est un premier pas vers le futur de la ville de Toulouse mais également un argument appuyant une politique environnementale en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, portée par la mairie. En effet, en inscrivant ce projet dans son plan de mobilités, Tisséo répond à la fois à la demande de la métropole toulousaine en matière de transport pour faire face à l’augmentation démographique de la ville, due à son attrait économique pour les entreprises, mais également à une demande de réduction des émissions de gaz à effet de serre, enjeu majeur de nos sociétés et de notre époque.

Même si les travaux engagés pour la construction du téléphérique sont coûteux et ont un impact sur l’environnement, Tisséo et Toulouse Métropole espèrent rentabiliser cet investissement et, d’une certaine manière, annuler les effets néfastes pour l’environnement causés par les travaux grâce aux futurs usagers de ce moyen de transport, et donc à la baisse du nombre de voitures utilisées dans les déplacements de ces derniers.

En mettant en avant le côté écologique de ce moyen de transport (faible émission de CO2 car totalement électrique), Tisséo et Toulouse Métropole exposent également la volonté de changer les habitudes de déplacement des toulousain.e.s. En effet, avec ce mode de transport, qui va relier les rives opposées de la Garonne, la municipalité espère ainsi réduire les embouteillages du périphérique, en faisant gagner du temps aux usager.e.s tout en réduisant l’impact environnemental que des trajets en voiture peuvent occasionner notamment lors d’embouteillages. Avec ce projet, Tisséo veut que les toulousain·e·s prennent de moins en moins leurs voitures pour se déplacer. Pour cela, l’entreprise insiste sur le fait que les usagers pourront bénéficier des lignes de métros, de bus, de tramway et de la ligne de téléphérique avec un seul et même abonnement.

Mais le projet de téléphérique dont nous venons de parler n’est pas le seul projet de marketing territorial d’envergure que porte la mairie toulousaine. En effet, celle-ci a posé les premières pierres d’un autre chantier important, celui de la Tour Occitanie, futur gratte-ciel du centre-ville.

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Toulouse Mobilité

La ligne 3 du métro Toulousain : une ligne par et pour les citoyens

En 2025, une troisième ligne de métro sera créée à Toulouse permettant de relier 2 pôles importants de la métropole. La parole citoyenne a pris une place quasi décisive sur la poursuite de ce projet d’envergure, ensemble décryptons les étapes qui ont permis à cette proposition hypothétique de devenir concrète.

Tisséo Collectivités veut construire avec vous et pour vous la 3e ligne de métro et la connexion ligne B.

toulousemetro3.fr

C’est en décembre 2013 que les toulousains entendent parler pour la première fois de la possibilité de création d’une troisième ligne de métro dans la ville, voici un court récapitulatif des différentes étapes de l’émergence de ce projet :

Toulouse, une ville mobile

Plan actuel du métro toulousain

Le métro toulousain est actuellement constitué de 2 lignes qui se composent chacune de 18 stations intermédiaires, ensemble, elles représentent plus de 28 km de voies. La ligne A, créée en 1993, rejoint Balma-Gramont au nord-est à Basso-Cambo au sud-est. Quant à la ligne B, elle a vu le jour en 2007 et rejoint le quartier de Borderouge, au nord, à Ramonville, ville se situant au sud de Toulouse.

La création de la troisième ligne fait partie du projet mobilités 2020.2025.2030, porté par Tisséo collectivités. Ainsi, ce projet a pour but de faire de Toulouse une ville plus accessible. En effet, cette métropole est considérée comme la ville la plus dynamique de France, avec une croissance démographique importante et un fort dynamisme économique. Ainsi, pour Tisséo, il est important que les transports urbains soient en adéquation avec l’expansion de la ville. C’est pourquoi innovation, attractivité et accessibilité sont les maîtres mots de ce projet.

La ligne 3, une ligne hyperconnectée

Présentation du projet par Tisséo Collectivités © Tisséo Collectivité

L’hyper-connectivité de la ligne est un point important que Toulouse Métropole met en avant lors de la promotion de ce projet, qui devrait voir le jour en 2025. Ainsi, avec une longueur totale de 27 km et 21 stations, cette ligne desservira :

  • 5 gares SNCF,
  • 5 stations en correspondance (lignes A, B et tramway),
  • 8 espaces de dépose/covoiturage,
  • 4 parc-relais,
  • 5 gares-bus.

Elle pourra proposer jusqu’à 200 000 déplacements par jour en joignant la commune de Labège à celle de Colomiers : 2 pôles économiques toulousains importants. De plus, la ligne aéroport express, incluse dans le projet, permettra le lien direct entre cette nouvelle ligne et l’aéroport.

La mairie de Toulouse appuie d’autant plus sur l’aspect écologique du projet, qui devrait permettre de limiter l’usage des voitures et ainsi réduire la consommation de 20 millions de litres de carburant par an, comme précisé dans le magazine d’information de la ville. Cette ligne aura également comme aboutissement de désengorger aussi bien le périphérique toulousain (extrêmement dense en heure de pointe) que le centre ville, en permettant notamment la réappropriation de ce territoire par les piétons et les vélos.

La parole citoyenne, un point central dans le projet

La commission d’enquête a rendu ses conclusions le 11 octobre dernier. Verdict ? Avis favorable ! Pour la 3e ligne de métro, sa liaison avec l’aéroport et sa connexion à la ligne B. Une étape décisive qui signe le coup d’envoi du projet.

Magazine de la mairie de Toulouse de novembre 2019

C’est lors de 3 grandes étapes majeures que les habitants de Toulouse ont pu donner leurs avis quant à la création de cette nouvelle ligne. De décembre 2015 à juillet 2019 ont eu lieu un débat public, une concertation publique et une enquête citoyenne qui ont permis de récolter un grand nombre de propositions et d’avis sur cet important projet.

Le débat public

Entre décembre 2015 et décembre 2018, les acteurs du projet ont mis en place un débat public. Ce débat citoyen est une action mise en place permettant d’informer le public, mais également de faire participer les citoyens en leur demandant leurs avis quant au projet. Ainsi, le débat public permet d’associer les habitants au projet pour faciliter la mise en place de ce dernier en prenant en compte de leurs recommandations.

Présentation du débat public de la troisième ligne de Toulouse © CNDP

Le débat public voit le jour suite à une expérimentation en décembre 1992, et c’est le 2 février 1995 qu’est instituée la loi Barnier, qui « prévoit l’association et la participation du public à « l’élaboration des projets d’aménagement ou d’équipement ayant une incidence importante sur l’environnement ou sur l’aménagement du territoire » ».

Carte représentant les points de rencontres du débat public
Points de rencontres du débat public © Tisséo Collectivité

Pour le projet de la ligne 3 du métro, c’est 72 % des avis qui ont été favorables avec, en somme, les avis de 3 000 participants recueillis durant les 80 rencontres publiques, les 43 cahiers d’acteurs et les 16 débats mobiles mis en place. Aussi, 4 890 questionnaires ont été renseignés, 21 226 personnes ont visité le site internet, 314 questions ont été posées et 837 avis et commentaires ont été déposés en ligne.

C’est le 11 juillet 2018 que le comité syndical de Tisséo Collectivités approuve le tracé définitif de la ligne 3 suite à ce débat public et à ces nombreuses contributions.

La concertation publique

De mai 2017 jusqu’en février 2019, c’est la concertation publique qui est ouverte. La concertation a pour but de trouver un consensus sur un projet commun. Ainsi, elle implique aussi bien des acteurs du projet que les citoyens.

3ème ligne de Métro : une concertation en continu et volontaire © Tisséo Collectivité

Lors d’une concertation publique, il est obligatoire de nommer un garant qui sera en charge de veiller au bon déroulement de l’action. Ainsi, pour le projet de la ligne 3 du métro, c’est Jean-Claude Ruysschaert qui fut nommé,  un ingénieur à la retraite. Afin d’être le plus objectif possible, le garant doit être complètement extérieur au projet. Ses rôles principaux sont :

  • vérifier que les modalités de la concertation soient respectées,
  • appuyer la parole citoyenne et l’expression de chacun·e des participant.e.s,
  • répondre aux différents questionnements formulés par le public.

Lors d’une concertation, la transparence, l’équivalence et l’argumentation sont les principes mêmes. Il est important que l’information soit de qualité, compréhensible et disponible au plus grand nombre. De plus, toute personne doit avoir la possibilité de s’exprimer si elle le souhaite. C’est pourquoi il a été mis en place sur le projet toulousain 9 ateliers citoyens qui ont eu lieu entre septembre et décembre 2019, où chacun.e des participants a pu apporter un avis argumenté. Cette campagne a ainsi été faite aussi bien sur les réseaux sociaux, que par des acteurs locaux tels que les mairies de quartier, les entreprises ou les institutions afin que tout un chacun puisse y accéder.

La concertation, comme le spécifie Hubert Touzard dans son article Consultation, concertation, négociation. Une courte note théorique, est un acte qui permet de :

« trouver un accord, de résoudre ensemble un problème qui se pose […], de prendre ensemble une décision collective, ou de préparer une décision prise en final à un autre niveau. »

Touzard Hubert, « Consultation, concertation, négociation. Une courte note théorique », Négociations, 2006, p. 67-74

En février 2019, le garant a fait le bilan de cette concertation, qui n’a pas permis de tomber sur un projet commun mais qui a permis aux acteurs du projet de justifier leurs choix et leurs décisions quant à leur positionnement.

L’enquête publique

Entre le 6 juin et le 18 juillet 2019, c’est au tour de l’enquête publique d’être ouverte. L’enquête publique a été précisée par la loi loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010, et est faite en amont de grandes décisions impliquant des aménagements de territoires à caractère environnemental ou impliquant la santé, mais aussi lors d’une future déclaration d’utilité publique.

L’enquête publique a différentes fonctions, telles qu’informer le public sur le projet et prendre en considération les différents avis des citoyens. Et c’est à la suite de cette enquête que la commission pourra donner un avis favorable ou défavorable à la poursuite du projet.

Affiche pour la promotion de l’enquête publique © Tisséo Collectivité

Cette enquête a eu lieu durant 43 jours au centre de Toulouse mais aussi dans 4 communes voisines de cette dernière (Blagnac, Colomiers, Labège, Ramonville Saint-Agne). Elle était déclinée en 2 versions :  une première en numérique et une seconde en papier disponible dans différents lieux, tels que les mairies, afin qu’elle puisse être consultée par le plus grand nombre. Il était aussi possible de rencontrer des membres de la commission d’enquête à des dates et lieux précis et d’adresser des observations par courrier.

Le 11 octobre 2019, un avis favorable fut donné suite aux 1 882 contributions consignées dans les registres et aux 16 310 personnes consultées sur internet.
Seules deux réserves ont été apportées sur le projet : 

  • Maintenir l’alignement des arbres à François Verdier,
  • Réduire la capacité du P+R (parking relais) situé dans le quartier des Sept Deniers.

Et c’est donc le 7 février 2020, suite aux différents travaux, études et enquêtes menées, que le préfet déclare le projet d’utilité publique.

Cependant, et malgré une large concertation des citoyens, la ligne 3 reste toujours controversée, comme le spécifie Actu Toulouse (qui déclare que déjà « 2 recours dont un contentieux ont été déposés contre cette ligne ») ou encore le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc lors d’un communiqué vidéo via sa page Facebook.

La 3ème ligne de métro avance, mais elle reste menacée

La 3ème ligne de métro avance, mais elle reste menacée. Je vous explique pourquoi⬇️⬇️⬇️

Publiée par Jean-Luc Moudenc – page personnelle sur Mercredi 27 novembre 2019

La troisième ligne avance mais reste menacée © Jean-Luc Moudenc – page personnelle

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