La ligne 3 du métro Toulousain : une ligne par et pour les citoyens

En 2025, une troisième ligne de métro sera créée à Toulouse permettant de relier 2 pôles importants de la métropole. La parole citoyenne a pris une place quasi décisive sur la poursuite de ce projet d’envergure, ensemble décryptons les étapes qui ont permis à cette proposition hypothétique de devenir concrète.

Tisséo Collectivités veut construire avec vous et pour vous la 3e ligne de métro et la connexion ligne B.

toulousemetro3.fr

C’est en décembre 2013 que les toulousains entendent parler pour la première fois de la possibilité de création d’une troisième ligne de métro dans la ville, voici un court récapitulatif des différentes étapes de l’émergence de ce projet :

Toulouse, une ville mobile

Plan actuel du métro toulousain

Le métro toulousain est actuellement constitué de 2 lignes qui se composent chacune de 18 stations intermédiaires, ensemble, elles représentent plus de 28 km de voies. La ligne A, créée en 1993, rejoint Balma-Gramont au nord-est à Basso-Cambo au sud-est. Quant à la ligne B, elle a vu le jour en 2007 et rejoint le quartier de Borderouge, au nord, à Ramonville, ville se situant au sud de Toulouse.

La création de la troisième ligne fait partie du projet mobilités 2020.2025.2030, porté par Tisséo collectivités. Ainsi, ce projet a pour but de faire de Toulouse une ville plus accessible. En effet, cette métropole est considérée comme la ville la plus dynamique de France, avec une croissance démographique importante et un fort dynamisme économique. Ainsi, pour Tisséo, il est important que les transports urbains soient en adéquation avec l’expansion de la ville. C’est pourquoi innovation, attractivité et accessibilité sont les maîtres mots de ce projet.

La ligne 3, une ligne hyperconnectée

Présentation du projet par Tisséo Collectivités © Tisséo Collectivité

L’hyper-connectivité de la ligne est un point important que Toulouse Métropole met en avant lors de la promotion de ce projet, qui devrait voir le jour en 2025. Ainsi, avec une longueur totale de 27 km et 21 stations, cette ligne desservira :

  • 5 gares SNCF,
  • 5 stations en correspondance (lignes A, B et tramway),
  • 8 espaces de dépose/covoiturage,
  • 4 parc-relais,
  • 5 gares-bus.

Elle pourra proposer jusqu’à 200 000 déplacements par jour en joignant la commune de Labège à celle de Colomiers : 2 pôles économiques toulousains importants. De plus, la ligne aéroport express, incluse dans le projet, permettra le lien direct entre cette nouvelle ligne et l’aéroport.

La mairie de Toulouse appuie d’autant plus sur l’aspect écologique du projet, qui devrait permettre de limiter l’usage des voitures et ainsi réduire la consommation de 20 millions de litres de carburant par an, comme précisé dans le magazine d’information de la ville. Cette ligne aura également comme aboutissement de désengorger aussi bien le périphérique toulousain (extrêmement dense en heure de pointe) que le centre ville, en permettant notamment la réappropriation de ce territoire par les piétons et les vélos.

La parole citoyenne, un point central dans le projet

La commission d’enquête a rendu ses conclusions le 11 octobre dernier. Verdict ? Avis favorable ! Pour la 3e ligne de métro, sa liaison avec l’aéroport et sa connexion à la ligne B. Une étape décisive qui signe le coup d’envoi du projet.

Magazine de la mairie de Toulouse de novembre 2019

C’est lors de 3 grandes étapes majeures que les habitants de Toulouse ont pu donner leurs avis quant à la création de cette nouvelle ligne. De décembre 2015 à juillet 2019 ont eu lieu un débat public, une concertation publique et une enquête citoyenne qui ont permis de récolter un grand nombre de propositions et d’avis sur cet important projet.

Le débat public

Entre décembre 2015 et décembre 2018, les acteurs du projet ont mis en place un débat public. Ce débat citoyen est une action mise en place permettant d’informer le public, mais également de faire participer les citoyens en leur demandant leurs avis quant au projet. Ainsi, le débat public permet d’associer les habitants au projet pour faciliter la mise en place de ce dernier en prenant en compte de leurs recommandations.

Présentation du débat public de la troisième ligne de Toulouse © CNDP

Le débat public voit le jour suite à une expérimentation en décembre 1992, et c’est le 2 février 1995 qu’est instituée la loi Barnier, qui « prévoit l’association et la participation du public à « l’élaboration des projets d’aménagement ou d’équipement ayant une incidence importante sur l’environnement ou sur l’aménagement du territoire » ».

Carte représentant les points de rencontres du débat public
Points de rencontres du débat public © Tisséo Collectivité

Pour le projet de la ligne 3 du métro, c’est 72 % des avis qui ont été favorables avec, en somme, les avis de 3 000 participants recueillis durant les 80 rencontres publiques, les 43 cahiers d’acteurs et les 16 débats mobiles mis en place. Aussi, 4 890 questionnaires ont été renseignés, 21 226 personnes ont visité le site internet, 314 questions ont été posées et 837 avis et commentaires ont été déposés en ligne.

C’est le 11 juillet 2018 que le comité syndical de Tisséo Collectivités approuve le tracé définitif de la ligne 3 suite à ce débat public et à ces nombreuses contributions.

La concertation publique

De mai 2017 jusqu’en février 2019, c’est la concertation publique qui est ouverte. La concertation a pour but de trouver un consensus sur un projet commun. Ainsi, elle implique aussi bien des acteurs du projet que les citoyens.

3ème ligne de Métro : une concertation en continu et volontaire © Tisséo Collectivité

Lors d’une concertation publique, il est obligatoire de nommer un garant qui sera en charge de veiller au bon déroulement de l’action. Ainsi, pour le projet de la ligne 3 du métro, c’est Jean-Claude Ruysschaert qui fut nommé,  un ingénieur à la retraite. Afin d’être le plus objectif possible, le garant doit être complètement extérieur au projet. Ses rôles principaux sont :

  • vérifier que les modalités de la concertation soient respectées,
  • appuyer la parole citoyenne et l’expression de chacun·e des participant.e.s,
  • répondre aux différents questionnements formulés par le public.

Lors d’une concertation, la transparence, l’équivalence et l’argumentation sont les principes mêmes. Il est important que l’information soit de qualité, compréhensible et disponible au plus grand nombre. De plus, toute personne doit avoir la possibilité de s’exprimer si elle le souhaite. C’est pourquoi il a été mis en place sur le projet toulousain 9 ateliers citoyens qui ont eu lieu entre septembre et décembre 2019, où chacun.e des participants a pu apporter un avis argumenté. Cette campagne a ainsi été faite aussi bien sur les réseaux sociaux, que par des acteurs locaux tels que les mairies de quartier, les entreprises ou les institutions afin que tout un chacun puisse y accéder.

La concertation, comme le spécifie Hubert Touzard dans son article Consultation, concertation, négociation. Une courte note théorique, est un acte qui permet de :

« trouver un accord, de résoudre ensemble un problème qui se pose […], de prendre ensemble une décision collective, ou de préparer une décision prise en final à un autre niveau. »

Touzard Hubert, « Consultation, concertation, négociation. Une courte note théorique », Négociations, 2006, p. 67-74

En février 2019, le garant a fait le bilan de cette concertation, qui n’a pas permis de tomber sur un projet commun mais qui a permis aux acteurs du projet de justifier leurs choix et leurs décisions quant à leur positionnement.

L’enquête publique

Entre le 6 juin et le 18 juillet 2019, c’est au tour de l’enquête publique d’être ouverte. L’enquête publique a été précisée par la loi loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010, et est faite en amont de grandes décisions impliquant des aménagements de territoires à caractère environnemental ou impliquant la santé, mais aussi lors d’une future déclaration d’utilité publique.

L’enquête publique a différentes fonctions, telles qu’informer le public sur le projet et prendre en considération les différents avis des citoyens. Et c’est à la suite de cette enquête que la commission pourra donner un avis favorable ou défavorable à la poursuite du projet.

Affiche pour la promotion de l’enquête publique © Tisséo Collectivité

Cette enquête a eu lieu durant 43 jours au centre de Toulouse mais aussi dans 4 communes voisines de cette dernière (Blagnac, Colomiers, Labège, Ramonville Saint-Agne). Elle était déclinée en 2 versions :  une première en numérique et une seconde en papier disponible dans différents lieux, tels que les mairies, afin qu’elle puisse être consultée par le plus grand nombre. Il était aussi possible de rencontrer des membres de la commission d’enquête à des dates et lieux précis et d’adresser des observations par courrier.

Le 11 octobre 2019, un avis favorable fut donné suite aux 1 882 contributions consignées dans les registres et aux 16 310 personnes consultées sur internet.
Seules deux réserves ont été apportées sur le projet : 

  • Maintenir l’alignement des arbres à François Verdier,
  • Réduire la capacité du P+R (parking relais) situé dans le quartier des Sept Deniers.

Et c’est donc le 7 février 2020, suite aux différents travaux, études et enquêtes menées, que le préfet déclare le projet d’utilité publique.

Cependant, et malgré une large concertation des citoyens, la ligne 3 reste toujours controversée, comme le spécifie Actu Toulouse (qui déclare que déjà « 2 recours dont un contentieux ont été déposés contre cette ligne ») ou encore le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc lors d’un communiqué vidéo via sa page Facebook.

La 3ème ligne de métro avance, mais elle reste menacée

La 3ème ligne de métro avance, mais elle reste menacée. Je vous explique pourquoi⬇️⬇️⬇️

Publiée par Jean-Luc Moudenc – page personnelle sur Mercredi 27 novembre 2019

La troisième ligne avance mais reste menacée © Jean-Luc Moudenc – page personnelle

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