L’appropriation culturelle, le grand débat des réseaux sociaux

Avec l’apparition des réseaux sociaux il y a plus d’une dizaine d’années, Internet a assisté à l’arrivée de nouveaux types d’utilisateurs. Critiquer en restant anonyme est l’une des particularités de ces réseaux qui, petit à petit, voient apparaître une vague de « haters ». Tout sujet est bon à critiquer, surtout lorsqu’il s’agit de personnages publics qui commettent des fautes. Ici, les twittos et les instagrammeurs se plaisent à dénicher des propos, des actes racistes commis par des célébrités, et les exposer au grand jour. 

Une « chasse » à l’appropriation culturelle

Un hashtag est devenu célèbre sur les réseaux : #culturalappropriation. Grâce à ce hashtag, tout utilisateur du réseau peut dénoncer telle ou telle appropriation culturelle. Beaucoup de posts sont donc publiés afin de dénoncer les actes de certaines stars du web à tel point que le hashtag s’est multiplié en #nativeappropriation ou bien #appropriationconversation.

Que ce soit en Europe ou États-Unis, la toile s’enflamme régulièrement surtout lorsqu’il s’agit de personne publique. Exemple lorsque Kendall Jenner, célèbre mannequin et membre de la famille Kardashian/Jenner, pose pour Vogue, magazine de mode, avec une coupe afro. Étant blanche, est-ce raciste de poser avec une coupe afro ? Sur ce tweet nous pouvons lire « Kendall Jenner accusée d’appropriation culturelle après avoir posé pour Vogue avec une coupe afro ».

Un débat se crée alors : est-ce réellement une appropriation culturelle ? Les avis fusent dans les commentaires. Certains internautes se demandent donc à quelle fréquence /occasion /moment doit-on employer le terme d’appropriation culturelle.

Ici, l’internaute se demande si le fait de manger dans un restaurant indien pourrait être synonyme d’appropriation culturelle.

Du « wiggers » au « niggerfishing »

L’appropriation culturelle c’est avant tout l’utilisation des éléments d’une culture « minoritaire » par une culture « majoritaire ». Depuis plusieurs années, ce terme à forte controverse, a acquis une dimension purement péjorative. Quiconque est accusé d’appropriation culturelle est accusé de racisme et/ou de vol. C’est pour cela que des distinctions sont de plus en plus faites notamment entre « appréciation culturelle », « assimilation culturelle » et « appropriation culturelle » voire « métissage culturel ». L’arrivée des réseaux sociaux a appuyé le fait que l’appropriation culturelle serait une « micro-agression », c’est-à-dire une forme de racisme, parfois inconsciente et banalisée.

Plusieurs termes ressurgissent donc, comme le terme de « wiggers » qui est la contraction de white et niggers. Ce terme désigne les blancs se comportant, ou adoptant des attitudes, des modes d’Afro-Américains. Il fut notamment utilisé dans la culture hip-hop. On peut qualifier ce terme de micro-agression lorsqu’une personne se dit wigger.

Plus récemment, c’est le terme de niggerfishing qui est apparu sur les réseaux, faisant suite au blackface. Il qualifie les personnes se grimant le visage en noir.

Petite histoire du blackface

Un cas de niggerfishing est, en ce moment, récurrent sur Twitter et Instagram. Il s’agit des blogueuses mode et beautés qui se griment grâce au maquillage, ou grâce à Photoshop, pour paraître métisses. Les utilisateurs s’indignent. Ci-dessous, un exemple on ne peut plus clair de ce qu’est le blackface aujourd’hui, sur les réseaux sociaux.

#MyCultureIsNotCouture

Les tresses africaines, le tissu wax, les bijoux ethniques, autrement dit des accessoires de mode qui peuvent déranger de nos jours.

Avec l’apparition du #MyCultureIsNotCouture (en français : Ma culture n’est pas de la couture), faisant suite à la fashion week, un grand débat s’embrase sur les réseaux sociaux et notamment sur twitter. Alors peut-on, oui ou non, se faire des tresses africaines si l’on est blanche ? Faut-il continuer à bannir les campagnes des grandes marques de mode à la limite du racisme ? Oui.

Les cultures minoritaires en ont marre et crient leur colère sur internet. Oui, les grands designers peuvent faire des collections sur des thèmes ethniques, mais lors de leurs défilés quels mannequins portent les pièces ? C’est justement ce qui fait polémique ces derniers temps. En 2015, des mannequins blancs ont défilé dans des tenues en tissu wax (tissu traditionnel africain) lors du défilé de la collection printemps-été 2018 de Stella McCartney. Cette année, pour la fashion week 2019 à Paris, Valentino a fait défiler ses mannequins sur le thème « Ode à l’Afrique », petit hic, les mannequins étaient en majorité blanches; de même pour sa campagne de pub qui a fait polémique.

Mais peut-on, dans la vie de tous les jours, se faire des tresses africaines, porter du tissu wax sans appartenir à la culture africaine ? La réponse serait non. La frontière reste néanmoins très fine, ce qui explique les débats sur les réseaux sociaux. Pour comprendre un peu mieux ce qu’est l’appropriation culturelle, voici la vidéo de la youtubeuse Naya Ali, postée en 2015.

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